15 janvier 2018

Conciergerie de quartier : un concept, plusieurs réalités

Source image : Urbanera.fr
Des clefs d'or à l'emploi solidaire, du palace à nos smartphones en passant par les pieds d'immeuble ou le kiosk à journaux, les services d’une conciergerie de quartier deviennent incontournables au sein des opérations d'aménagement prônant la haute qualité d'usage.

Origine et évolutions : Le service d’abord !

Sans évoquer les conciergeries de luxe qui sont très spécifiques (les trois clefs notamment), les conciergeries sont surtout connues sous la forme de conciergeries privées[1] ou de conciergeries d'entreprise[2]. Au-delà de la seule différence d’implantation (immeuble de logement ou de bureau), la mission diffère également puisqu’elle s’attache soit au bon fonctionnement des parties communes soit aux services à la personne.

Sur cette base, d’autres types de conciergerie font alors leur apparition. La conciergerie éthique et sociale par exemple, qui s’empare des enjeux du développement durable. La première en Europe nait en 2008 à Marseille, c’est la « Conciergerie-durable ». « La conciergerie solidaire » à Bordeaux (Darwin), dans la même lignée, propose des services à la personne et aux entreprises de façon plus respectueuse de l’environnement. Leur valeur ajoutée est de favoriser l’insertion professionnelle, l’échange social et la mutualisation des ressources (humaines, matérielles et financières entre plusieurs entreprises notamment).

Les e-conciergeries ou conciergeries connectées constituent la nouvelle génération de conciergerie. Leur originalité repose sur la dématérialisation des services proposés. Ainsi, ZIN ou BOX’N SERVICE propose les services classiques de conciergerie en ligne par le biais d’un espace de dépôt/retrait automatisé localisé soit en entreprise soit en ville au sein de locaux commerciaux. Citons également Quatre Epingles, qui par le biais d’une application et d’un coursier propose les services classiques d’une conciergerie de quartier… à distance.

Comme nous l’évoquions, les nouvelles opérations d’aménagement prônent la valeur d’usage avec, en prime, le retour à un service de conciergerie dans le but de favoriser le développement d’une communauté locale. Sans que cet objectif soit compromis, les solutions externalisées et numériques semblent prendre toutefois de plus en plus de d’importance. La personne physique qui assurait les tâches de gestion des parties communes et d’animation n’existe plus (au bénéfice d’une société externe de nettoyage) ou n’a plus la même vocation (souvent réduit à la réception des colis et la surveillance informelle par sa simple présence). Celui ou celle qui est aujourd'hui communément appelé(e) concierge ne réalise donc plus de services collectifs mais individualisés bien que disponibles à l’ensemble des usagers concernés.

Au-delà de l’animation d’un quartier et de l’aspect pratique d’une conciergerie, la réalité économique oblige souvent ces modèles à évoluer et parfois s’hybrider. La conciergerie et son offre de service ont souvent tendance à glisser vers un modèle de type café tiers-lieu voire une plateforme de services…
La conciergerie de l’éco-quartier Camille Claudel à Palaiseau (91) par exemple, organise des événements dans ses locaux et devrait très prochainement s’associer à la plateforme de mise en relation Smiile. Cette évolution participe au développement de la conciergerie en associant ses services à la force communicante d’un site internet. De plus en plus de porteur de projet se tournent vers le numérique afin de profiter d’un support de diffusion d’informations et toucher ainsi un public plus large à moindre coût.

Au sein des nouvelles opérations d’aménagement, le financement des premières années de l’offre de service étant généralement supportées par les promoteurs via un mécanisme de freemium, le modèle économique sur le long terme est alors à consolider au fil des livraisons. L’enjeux est donc de capter un plus grand nombre d’habitant.
Faisons le pari qu'une concertation citoyenne bien menée et dépassant le minimum réglementaire et un urbanisme laissant de la place aux initiatives citoyennes (à travers par exemple des usages transitoires) permettent de mobiliser davantage les futurs usagers dans la vie de leur quartier et donc in fine confortent ces modèles économiques encore fragiles...



[1] Conciergerie localisée au sein d’établissements publics ou d’immeubles particuliers, qui emploie une personne chargée de surveiller l'entrée, de renseigner les visiteurs, de distribuer le courrier, d'entretenir les parties communes, etc.
[2] « Implantation physique permettant au bénéficiaire de la prestation d’accéder aux services à la personne (...) sur son lieu de travail » tel que le défini par l’accord national professionnel de 2007