3 avril 2017

La blockchain : un outil révolutionnaire pour gérer la ville ?

Qu’est-ce que la blockchain ?

La blockchain est un outil de stockage et de transfert d’informations à coût minime, infalsifiable et sécurisé[1]. Ce système a également la particularité d’opérer de manière transparente (chacun peut consulter l'ensemble des échanges, présents et passés) et sans contrôle centralisé (la blockchain est fondée sur des échanges de pair-à-pair[2]).

En bref, « Imaginez un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement, gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, qui est impossible à effacer et indestructible. » explique Jean-Paul Delahaye (mathématicien, informaticien et auteur).

Trois façons d’utiliser cet outil existent à ce jour :
       Les applications pour le transfert d’actifs (utilisation monétaire, titres, votes, actions, obligations… l’exemple le plus connu étant la monnaie virtuelle Bitcoin ;
       Les applications en tant que registre : la blockchain permet une meilleure traçabilité des produits et des actifs.
       Les « smart contracts » : ce sont des programmes autonomes qui exécutent automatiquement les conditions et les termes d’un contrat, sans nécessiter d’intervention humaine une fois activés.

Si vous souhaitez comprendre plus en détail comment cela fonctionne, nous vous conseillons de lire cet article et visionner cette vidéo qui vulgarisent le procédé et vous permettront de mieux comprendre la blockchain.

Quelles sont les applications actuelles ?

Supprimer les intermédiaires entre consommateurs et producteurs
Transactive Grid - Brooklyn MicroGrid

L’expérience la plus connues est, à ce jour, « Transactive Grid ». Inauguré en 2016 dans les quartiers Park Slope et Gowanus à Brooklyn dans l’état de New York, ce projet consiste à coupler un microgrid de transfert d’énergie à un système de blockchain pour la rémunération directe entre consommateurs et producteurs sans passer par une entité tierce. Ce système s’appuie sur des « smart contracts » qui permettent l’échange d’électricité et le paiement associé sans passer par un organisme de gestion. En d’autres termes, le smart grid permet de connecter 5 maisons de producteurs d’énergie électrique par panneaux photovoltaïques (également autoconsommateurs) pour revendre le surplus à 5 foyers « consommateurs ».

Au sein de la ZAC Confluence à Lyon, un système similaire devrait voir le jour afin d’échanger instantanément des crédits énergétiques via des compteurs linky et des capteurs d’analyse des consommations/productions. Pour ce faire, des taux d’utilisation de l’énergie locale seront attribués à chaque habitant, et ceux-ci seront informés à intervalles réguliers de leur consommation en fonction de la production locale. Les surplus d'énergie produits seront vendus sans intermédiaire à des voisins.

Ces deux expériences partent de la volonté d’agir localement. Même si physiquement l’électron sera toujours utilisé au plus proche de son lieu de production, les contrats habituels de revente de l’énergie n’évoquent pas à ce jour l’utilisation de l’énergie produite par une entité locale mais font seulement état de la vente de surplus à un acheteur (qui lui, peut par contre valoriser cette production d’énergie renouvelable). Ce système relocalise la production et la consommation de l’énergie et supprime l’intermédiaire assurant l’adéquation entre l’offre et la demande.

Le développement de la mobilité électrique
La blockchain permet également de mettre en place une sorte de « compte énergie » pour chaque propriétaire d’une installation de production d’électricité. Ce compte stock virtuellement les électrons produits et permet à son propriétaire de les utiliser ailleurs que sur le lieu de production. Fini la recharge en libre accès dans les lieux publics ou lors de vos déplacements en TGV !

Schéma de principe - Sunchain
Le programme Astre développé par la société Sunchain envisage ce mécanisme en partant d’un constat simple : pour échanger des kWh à travers le réseau de distribution d’électricité, il faut mesurer de façon sûre et instantanée l’électricité solaire produite d’un côté et l’énergie soutirée de l’autre. Par ailleurs, il est nécessaire de garantir la validité et la sécurité de ces mesures, ainsi que les transactions financières associées. Le modèle économique inclut également une rétribution au gestionnaire de réseau pour l'usage des infrastructures de transport de l'électricité. La blockchain s’y prête apparemment parfaitement.

Un autre exemple d’application est allemand : Blockcharge. C’est un service dont l’objectif est de gérer et de facturer la recharge des voitures électriques n’importe où et facilement.

Pour ce faire, chaque utilisateur est équipé d’un « smart plug », à brancher sur n’importe quelle prise électrique et permettant d’activer son contrat. Grâce au smart plug et une application smartphone, l’utilisateur peut recharger sa voiture partout en payant l’électricité consommée. Grâce à l’utilisation de la blockchain, les conditions et termes du contrat, et donc les transactions, sont exécutés automatiquement. Les contrats ne peuvent ainsi pas être falsifiés, ce qui sécurise l’ensemble des transactions.

La blockchain est-elle vraiment utile pour la ville ?

Si de prime abord nous pouvons être enthousiaste par le développement de ces nouvelles technologies permettant de décentraliser et d’automatiser les systèmes d’échanges énergétiques, le processus à l’œuvre derrière la blockchain impliquent un nombre de calculs et une capacité de stockage toujours croissants. C’est donc un processus fortement consommateur d’énergie.

Une étude réalisée par Sebastiaan Deetman, chercheur en efficacité énergétique de l’Université de Leiden aux Pays-Bas, publiée le 30 mars 2016, a montré que la consommation énergétique du réseau Bitcoin (estimée en 2016 à 350 MW) est en constante hausse. Il est estimé que sa consommation énergétique sera égale à 417 MW en janvier 2020 dans un scénario optimiste, et 14 000 MW (soit la consommation du Danemark) dans le scénario pessimiste. Même si ces chiffres sont à prendre avec précaution, il est à noter que la dématérialisation de quelque chose aura toujours un coût énergétique (plus ou moins important). Reste à savoir si le jeu en vaut la chandelle.

La transformation du consommateur en consom’acteur[3] et la multiplication des producteurs EnR relève effectivement de l’intérêt général, notamment pour l’optimisation énergétique, toutefois la blockchain est-elle vraiment la solution idéale pour la ville en l’état actuel ?

Après tout, un syndicat de copropriété, une ASL, un gestionnaire de réseau public, ou bien encore une collectivité semblent tout à fait légitimes pour assurer la gestion des transactions entre usagers à l’échelle locale. Quel intérêt a-t-on alors à supprimer ces intermédiaires ? Fait-on à ce point peu confiance à ces acteurs qu’on veuille à tout prix s’en affranchir ? Ce système présente-t-il un intérêt économique certain ? Est-ce une solution réellement plus simple à mettre en œuvre (et à utiliser par les usagers) ?

Dans sa configuration actuelle, la blockchain semble plus relever du gadget pour les promoteurs soucieux de leur image que d’une réelle plus-value à un projet éco-responsable. Cela n’enlève rien à la nécessité d’inventer de nouveaux modèles de gestion, avec ou sans blockchain.




[1] Contrairement aux bases de données plus classiques, la blockchain est "distribuée", c'est-à-dire que différents exemplaires existent simultanément sur différents ordinateurs, appelés "nœuds" du réseau, ce qui rend l’information difficilement « piratable ».
[2] P2P ou Peer to Peer, c’est-à-dire un processus informatique de transfert de données tel que celui utilisé pour télécharger un film de manière illégale, par exemple.
[3] cf. le site de la Commission de Régulation de l’Energie pour plus de détail : http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=consommacteur-definition

13 février 2017

L’aménageur, le Monsieur Jourdain de la santé ?

Il s'agit ici d'une mise en forme enrichie des notes de l’intervention de Nicolas Rougé, lors de la conférence sur le thème "aménagement et santé" organisée par l’EPA Marne, le 31 janvier 2017.
Agroparc de Montévrain. Crédit : EPA Marne

Santé et aménagement, un lien tacite qui mérite d’être formalisé

Sans qu’ils l’aient nécessairement intégré consciemment ou formalisé, les aménageurs travaillent déjà quotidiennement sur la thématique de la santé publique, depuis la prise en compte désormais systématique des trois piliers du développement durable (et notamment le pilier social) dans les problématiques urbanistiques. Le thème mérite pourtant une réflexion plus structurée afin d’être plus précis et pertinent dans les réponses opérationnelles.

La santé, « un état complet de bien-être physique, mental et social »

Avant toute tentative d’explicitation du lien entre santé et aménagement, qu’est- ce-que la santé ? Un lieu commun la désigne comme un état d’absence de maladie ou d’infirmité. Pourtant, la santé ne se réduit pas à ce qu’elle n’est pas, il s’agit, comme l’exprime l’OMS en 1946 d’« un état complet de bien-être physique, mental et social ». Quarante ans plus tard l’OMS, à travers la Charte d’Ottawa sur la promotion de la santé, précise que « Pour parvenir à [cet état] l'individu, ou le groupe, doit pouvoir identifier et réaliser ses ambitions, satisfaire ses besoins et évoluer avec son milieu ou s'y adapter. La santé est donc perçue comme une ressource de la vie quotidienne, et non comme le but de la vie ». L’aménagement du cadre de vie est donc clairement identifiable comme un levier potentiel pour accéder à cet état de santé.

12 février 2017

une autre ville recherche un/e chef/fe de projet CoRDEES !

Le projet CoRDEES, dont une autre ville est partenaire aux côtés de la Ville de Paris, consiste à déployer pendant 3 ans sur le secteur Clichy Batignolles (Paris 17e) un dispositif complet de type smart grid combinant une plateforme de données, une offre complète de services énergétiques et le mise en place de nouveaux dispositifs de gouvernance énergétique à l'échelle du quartier (cf. http://www.uia-initiative.eu/en/uia-cities/paris). une autre ville est pilote du groupe de travail relatif aux services énergétiques.

Mission de 18 à 24 mois, à temps partiel (autour de 3j/semaine en moyenne)
Type de contrat : selon profil (contrat d'apprentissage ou de professionnalisation, contrat de prestation de service (freelance), CDD…)
Rémunération : à définir selon expérience et profil
Localisation : Paris 11e

Plus d'infos sur le site web d'une autre ville !