Crédit : SPL Lyon Confluence |
Pouvez-vous présenter en quelques mots le projet "Smarter Together" ?
Il s'agit d'un projet porté par un consortium de 3 villes "moteurs" (Lyon, Munich et Vienne) et de trois villes "suiveuses" (Saint-Jacques-de-Compostelle, Sofia et Venise). Arrivé en deuxième place sur 38 candidatures, notre consortium obtient 24 millions d'euros de l'Union Européenne pour lancer des expérimentations à l'échelle d'un quartier qui relèveront de cinq axes :
- des lieux dédiés à l’information et à la concertation pour prendre en compte le rôle du citoyen,
- un réseau de chauffage urbain connecté au réseau intelligent,
- une éco-rénovation de l’habitat existant intégrant des outils de maîtrise de la consommation énergétique,
- un système de gestion de l’énergie et des outils de pilotage,
- une mobilité durable (véhicules électriques).
A Lyon, c'est le quartier Lyon Confluence qui accueillera ces expérimentations, afin de poursuivre et de prolonger celles déjà menées dans le cadre du programme européen Concerto ou du projet "Lyon Smart Community" mené en partenariat avec l'agence japonaise NEDO et le groupe Toshiba.
Concrètement, les financements obtenus nous permettront de poursuivre les projets engagés comme l'écorénovation du quartier Sainte-Blandine ou encore le développement du réseau de chaleur urbain grâce à une cogénération bois innovante.
Justement, en quoi ce projet est-il différent des précédents ?
Il nous permettra d'assembler dans un projet d'ensemble cohérent un ensemble d'innovations que nous avions imaginées à l'occasion des programmes précédents, sans pouvoir toujours les mener à bien. De plus, cette innovation ne sera pas que technologique, elle intégrera aussi un important volet accompagnement des usagers grâce à l'organisation d'ateliers thématiques qui se dérouleront à la Maison de la Confluence.
Par exemple, l'écorénovation du quartier Sainte-Blandine avait du mal à se concrétiser sur les logements privés : les financements H2020 vont nous permettre d'améliorer les aides aux copropriétés. Mais elles ne seront aidées que si elles se raccordent à notre réseau de chaleur et acceptent de partager leurs données de consommation. Nous allons aussi pouvoir implémenter un procédé innovant de gazéification pour la cogé bois qui va alimenter ce réseau de chaleur, aujourd'hui en cours de déploiement, et remplacer les chaufferies provisoires. Nous allons enfin pouvoir équiper les sous-stations du réseau de chaleur de compteurs intelligents et communicants, ce qui nous permettra d'avoir une vision dynamique en temps réel des consommations du quartier. Enfin, il est prévu de travailler sur le modèle économique d'une flotte de véhicules électriques en auto-partage.
On voit que ce projet va générer beaucoup de données, qu'allez-vous en faire ?
Les données relatives aux consommations d'électricité ou de chaleur et à la mobilité, collectées au niveau des compteurs intelligents, des capteurs intégrés aux bâtiments ou des bornes de recharge de véhicules électriques vont alimenter en temps réel la plateforme "Data Grand Lyon", qui est une plateforme d'open data gérée par la Métropole du Grand Lyon. Les données seront notamment disponibles à tout l'écosystème des start-up lyonnaises pour développer de nouvelles applications ou proposer de nouveaux services aux utilisateurs.
Mais délivrer des données "brutes" ne suffit pas. Depuis le projet "Lyon Smart Community", nous travaillons à la manière dont on peut exploiter ces données au bénéfice de la collectivité (le Grand Lyon) et de l'aménageur (la SPL Lyon Confluence). C'est ce que nous appelons le CMS (Community Management System). Cette application informatique permettra, en analysant les données et en les mettant en forme de manière ergonomique, d'afficher la performance énergétique réellement atteinte sur les bâtiments et de vérifier la conformité de ces résultats aux objectifs énergétiques généraux de la ZAC (ou d'analyser les écarts le cas échéant). Par exemple, elle permettra d'analyser les consommations des bâtiments corrigées du climat. Elle permettra aussi de voir si des bâtiments BEPOS limitent réellement les appels de puissance sur le réseau électrique. Demain, elle pourrait ouvrir la voie à de nouvelles formes de contractualisation des objectifs dans les opérations d'aménagement. Ceci se fera dans un soucis de respect de la vie privé avec des données agglomérées à l'échelle de l'îlot.
Dans le cadre de "Lyon Smart Community", Toshiba a déjà développé une version prototype de l'application CMS, qui n'affiche que les données des opérations réalisées en partenariat avec Toshiba, notamment les données de consommation du bâtiment Hikari et de la Cité Perrache. Demain, grâce aux financements H2020, nous aurons les données de consommation d'énergie de l'ensemble du quartier de la Confluence, grâce aux compteurs intelligents du réseau de chaleur et du réseau public de distribution d'électricité, le fameux Linky déployé par ErDF.