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Hauts Plateaux à Bègles (c) Christophe Hutin, 2012 |
Cette idée n'est pas nouvelle. Déjà, en 1981, l'agence américaine SITE (Sculpture In The Environment) proposait son projet utopique Highrise of Homes, aujourd'hui exposé au MoMA de New York. On notera d'ailleurs la ressemblance formelle avec le projet des Hauts Plateaux de Bègles ! Ce dernier est ainsi emblématique d'un certain retour de l'utopie par temps de crise. Avec une différence majeure toutefois : l'implication d'hommes politiques, d'acteurs économiques, laisse penser que l'utopie concrète est aujourd'hui à portée de main.
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Hauts Plateaux à Bègles (c) Christophe Hutin, 2012 |
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Highrise of Homes, SITE, 1981 |
Premier exemple, le projet d'Ökohaus de Frei Otto à Berlin, a été réalisé dans le cadre des fameuses IBA, expositions d'architecture expérimentale, sur du foncier réservé. C'est du Groupe d'Etude d'Architecture Mobile de Yona Friedman qu'Otto Frei a tiré sa vision : une ville "non planifiée", où les habitants seraient capables de construire librement leur "nid", le rôle de la collectivité étant juste de fournir l'arbre où accrocher ce dernier. D'où le surnom de Baumhaus donné à ces trois constructions atypiques, construites en lien étroit avec ses habitants, recrutés par petite annonce.
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Ökohaus de Frei Otto, Berlin, IBA de 1987 |
Second exemple, le projet Next21 à Osaka, achevé en 1993. Il a été conçu par le Professeur Utida, qui s'est considéré comme un "urbaniste en trois dimensions" et a coordonné le travail de 13 architectes différents (pour 18 logements !). Là encore, un contexte particulier puisque le projet est une commande d'Osaka Gaz, grande entreprise japonaise qui a avant tout voulu en faire une vitrine de l'habitat du futur, en combinant innovation sociale et innovation technologique (et tout particulièrement énergétique). Next21 a notamment permis d'expérimenter le Two-Step Housing Supply System (qu'on pourrait traduire par quelque chose comme "système d'approvisionnement du logement en deux étapes"), qui consiste à distinguer clairement les éléments constructifs relevant du long-terme et du collectif (la structure, les noyaux...) et ceux relevant du privatif, avec une durée de vie plus courte (cloisons, équipements techniques, mais en l'occurrence également les façades).
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Next21, Osaka, 1993 |
Ce n'est bien sûr pas une raison pour ne pas expérimenter - mais sans prétendre inventer LA forme d'habitat de demain. De nombreuses difficultés concrètes attendent les porteurs du projet de Bègles, dont on espère qu'ils sauront les surmonter : maîtrise des coûts de construction (s'agissant de logements en accession sociale à la propriété, l'objectif est qu'ils soient 20% en-dessous des prix du marché), respect des normes (on imagine la tête du contrôleur technique ou du certificateur H&E quand ils vont voir le dossier...), montage juridique pour préserver la capacité d'extension future sans que tout le monde se tienne par la barbichette (copropriété ? division en volume ?), etc. Souhaitons-leur bonne chance, et gageons qu'ils sauront partager leurs succès tout comme leurs échecs pour faire avancer la réflexion de tous.
Notons enfin que d'autres expériences visant à promouvoir un habitat plus participatif à coût maîtrisé existent. C'est le cas par exemple de celles portées par l'association Un Plus Un. Moins ambitieuses techniquement, elles seront peut-être plus simples à répliquer. Nous aurons sans doute l'occasion d'en reparler.