Suite à l’introduction sur la pérennisation d’une agriculture urbaine commerciale sur le territoire, nous poursuivons sur les différents modèles d’intégration logistique que peuvent suivre ces exploitations agricoles.
La finalité commerciale assoit l’agriculture urbaine comme outil de développement des circuits courts alimentaires et met en valeur cinq arguments : réduction des distances et donc de l’empreinte environnementale et énergétique de l’alimentation ; réduction des intermédiaires et des coûts associés permettant d’envisager une meilleure qualité à prix constant ; création d’un lien social plus direct entre producteurs et consommateurs ; développement local de l’emploi ; sécurité alimentaire.
Dès lors, plus que la manière de produire en ville, c’est la notion de chaîne d’approvisionnement et d’échelle qui interroge. Comment et dans quelle mesure peut-on « désintermédiariser » cette chaîne logistique. Pour les collectivités, il s’agit d'établir une démarche nouvelle pour développer ces circuits à l’échelle de leur propre territoire, mais aussi de s’inscrire dans des dynamiques plus larges, à l’échelle métropolitaine. Pour les aménageurs, l’enjeu est de tirer toutes les conséquences opérationnelles de ces nouveaux schémas (en termes de programmation, de foncier, de montage des opérations immobilières…).
En faisant varier différents paramètres – zone de production, intermédiaires, consommateurs et bénéfices principaux pour le territoire – il est possible d’établir trois modèles théoriques d’agriculture urbaine s’intégrant à l’échelle métropolitaine de différentes manières.
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Modèle d’hyper-proximité (Crédit : Une autre ville) |
A titre d'exemple, l'association « Le paysan urbain » développe des fermes urbaines qui ont pour objectif d'être économiquement viables et qui intègrent une composante sociale forte en proposant aux personnes en difficultés des parcours d'insertion. La pérennité du modèle repose sur un marché de niche – jeunes poussés et graines germées développées dans des bacs soit sur toits terrasses soit sur des friches.
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Modèle de la chaîne logistique directe (Crédit : Une autre ville) |
Ce modèle théorique trouve son pendant opérationnel dans des organisations telles que les AMAPs ou les « ruches » de La Ruche qui dit Oui!, qui mettent en contact direct producteurs et consommateurs.
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Intégration production / distribution (Crédit : Une autre ville) |
Les Fermes LUFA, au Canada, illustrent en partie ce modèle. L'activité est concentrée sur des surfaces de production plus vastes et la zone de chalandise est aussi bien plus importante (échelle de la région métropolitaine de Montréal). Elles distribuent leur production grâce à une coopérative ou par des commandes sur internet.
Chaque modèle, par ses caractéristiques propres, induit un type de production particulier. Le troisième modèle permet une diversification des productions bien plus importante que le premier qui devra se concentrer sur des produits à fortes valeurs ajoutées, production de fruits et légumes à consommer frais (tomates, salades, fraises, framboises, etc…).
Quoi qu’il en soit, chacun des modèles est dépendant des critères définis lors du premier article (réseau d’acteurs, symbolique du projet voire diversification des activités) et ne représente qu'un cas limite théorique. Chaque projet doit apprendre à combiner et hybrider ces différents modèles pour s'adapter au mieux à son contexte propre. C'est une des conditions de réussite du développement d'une agriculture urbaine professionnelle ancrée dans son territoire.