Le smart reste cependant trop souvent défini par les objets
et les formes qu’il peut revêtir : capteurs et smart grids, compteurs
intelligents, open data, etc. Or, il
s’agit bien d’un nouveau jeu d’acteurs qui s’engage. On assiste en effet depuis
plusieurs années à un repositionnement massif des grands acteurs économiques
privés sur les problématiques d’aménagement urbain à travers la question du
smart. On peut clairement l’observer chez les concessionnaires historiques et
leurs pendants internationaux (EDF, GDF Suez, Veolia, E.on, etc.), les
entreprises de promotion (Bouygues Immobilier, Vinci….) qui expérimentent ainsi
des activités en amont et en aval de leurs métiers traditionnels, des
opérateurs télécom (Orange, etc.), des équipementiers (Siemens, Schneider
Electric, GE, etc.) ou des opérateurs du numériques (IBM, Google, Cisco System,
etc.). Tous ces acteurs développent des modèles « clés en main » de
gestion intelligente des services urbains (électricité, transports, etc.) voire
de villes durables.
Non sans surprise, alors que la revendication des
collectivités est grandissante sur la maitrise des investissements sur leurs
réseaux, en particulier électriques, ces acteurs n’ont pas tardé à saisir
l’opportunité de se repositionner vers de nouveaux marchés. Or, le modèle de
smart-city développé par ces opérateurs économiques est une ville privée au service du secteur privé. Si l’on observe bien le
discours qui se dégage des colloques et autres conférences sur la ville
intelligente, les nouveaux opérateurs de la smart-city proposent in fine de nouveaux services à vendre
aux particuliers et aux entreprises, grâce à la récolte et au traitement de
données acquises via la maîtrise de l’intelligence des réseaux. Leur
connaissance des services urbains, leur expertise technique en matière
d’infrastructures et leur capacité à répondre à de nouveaux besoins sont certes
des arguments objectifs pour améliorer la qualité des services assurés par les
collectivités – dans un contexte de crise des finances publiques, ces
préoccupations sont pleinement légitimes. Mais, dans cette forme de « néo-concessionarisme »,
il faudra garantir la préservation de
l’intérêt général. Les collectivités locales doivent dès lors trouver les leviers
pour garantir la juste utilisation des données informatiques (protéger les
données du citoyen et éviter tout ciblage marketing) mais également assurer l’effective
optimisation des coûts financiers de ces différents services. Les contrats qui
découleront de la smart-city devront être préparés en amont, avec des élus et
des services préalablement sensibilisés à ces risques potentiels.