Tous les urbanistes connaissent Lyon Confluence en tant que démonstrateur énergétique urbain, avec des bâtiments très performants sur le plan thermique et un déploiement précurseur des énergies renouvelables. Ce que l'on sait peut-être moins, c'est que Lyon Confluence est également devenu aujourd'hui la vitrine de la stratégie de "Métropole intelligente" du Grand Lyon, à travers le dispositif Lyon Smart Community.
De manière schématique, la stratégie de Métropole intelligente du Grand Lyon repose sur 4 axes :
- Nouvelles mobilités
- Services numériques
- Energie et smart grids
- Conditions de l'innovation (ce qui inclut les projets d'infrastructures haut débit, de data centers, d'open data, etc.)
Concrètement, une quarantaine de projets sont labellisés "Métropole intelligente". On retrouve quelques projets anciens et connus, comme les vélos en libre service Velo'v, et d'autres plus originaux et plus confidentiels, comme "Grizzly", la mise en place de capteurs sans fil pour analyser les conditions des chaussées (humidité, température de l'air, du sol...) et optimiser leur traitement hivernal (déneigement ou dégivrage).
Parmi ces 40 projets, 4 relèvent du démonstrateur Lyon Smart Community, conduit dans le cadre d'un partenariat avec le NEDO, l'agence para-gouvernementale japonaise responsable du soutien à l'innovation et à la R&D dans les énergies nouvelles et les technologies vertes, avec le soutien de l'ADEME. Le NEDO finance le projet à hauteur de 50 millions d'euros et a choisi le groupe Toshiba comme partenaire industriel, Toshiba ayant vocation à expérimenter des technologies innovantes sur les différents projets du démonstrateur :
1. Hikari, projet d'îlot à énergie positive, comprenant 3 programmes (en cours de chantier) conduits par Bouygues Immobilier et confiés à l'architecte japonais (tiens tiens...) Kengo Kuma. Sur ce projet, Toshiba fournira panneaux photovoltaïques, batteries pour le stockage de l'énergie et systèmes de contrôle et de monitoring des consommations, à l'échelle des parties communes et des surfaces tertiaires d'une part, des surfaces résidentielles d'autre part.
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Le projet Hikari (c) Bouygues Immobilier |
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Une voiture Sunmoov' en pleine recharge (c) Kargan |
4. Enfin, le "Community Energy Management System" (CEMS), système de gestion et de stockage des données liées à l'énergie à l'échelle du quartier. Là, l'exercice demandé à Toshiba est de collecter et agréger une grande quantité d'informations provenant de différents bâtiments, infrastructures et sources de production énergétique locale, d'en tirer des analyses pertinentes à travers des indicateurs bien choisis et si possible de simuler et planifier les consommations à venir.
On lit en filigrane, dans la présentation des 40 projets labellisés "Métropole intelligente", que certains chevauchements n'ont pu être évités dans la sélection des projets labellisés. Par exemple, le projet "Greenlys", qui vise à tester le fonctionnement d'un réseau électrique intelligent intégrant le consommateur, la production d'électricité renouvelable, le développement du véhicule électrique et le déploiement du nouveau compteur Linky, présente des similitudes avec le CEMS de Lyon Smart Community, au moins sur le plan des ambitions... Plus gênant, un autre service de véhicules électriques en libre service (Bluely, la déclinaison locale de l'Autolib parisien de Bolloré) a été mis en œuvre sur tout le territoire du Grand Lyon, sauf Lyon Confluence ! Les deux services sont compatibles sur le plan technique (on peut recharger un véhicule Sunmoov' sur une borne Bluely et inversement) mais indépendants sur le plan de la gestion des locations, ce qui fait qu'un utilisateur qui prendrait un véhicule à Lyon Confluence ne pourrait pas le laisser à la Part-Dieu, mais devrait le ramener dans le périmètre de Lyon Confluence !
Enfin, si l'on exclut les projets intégrés dans Lyon Smart Community, qui doivent beaucoup aux apports technologiques de Toshiba, on constate également que de nombreux projets sont portés par des entreprises ou des start-up lyonnaises. L'optique est clairement celle de la valorisation des savoir-faire émergents de la métropole et de l'attractivité économique.
Ainsi, on voit que, à travers le dispositif retenu de labellisation de projets réellement innovants mais souvent pré-existants, au risque parfois de la confusion entre des projets quasi-concurrents, la stratégie "smart" du Grand Lyon est avant tout une stratégie de marketing territorial autour de nouvelles filières d'excellence.