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Couverture de l'édition de 1957 |
"Le programme [...] doit rassembler en un accord fécond les ressources naturelles du site, la topographie de l'ensemble, les données économiques, les nécessités sociologiques, les valeurs spirituelles." (On parlerait aujourd'hui d'approche contextuelle.)
"Les distances entre lieux de travail et lieux d'habitation doivent être réduites au minimum." (La "ville des courtes distances"...)
"La densité de [la] population [d'une ville] doit être suffisamment forte pour valider l'aménagement des installations collectives [on dirait aujourd'hui équipements publics] qui seront les prolongements du logis."
"Le soleil, la verdure, l'espace sont les trois premiers matériaux de l'urbanisme."
"Un nombre minimum d'heures d'ensoleillement doit être fixé pour chaque logis. [...] Il faut exiger des constructeurs une épure démontrant qu'au solstice d'hiver le soleil pénètre dans chaque logis au minimum deux heures par jour." (On retrouve telle quelle cette exigence dans les Cahiers des Prescriptions Environnementales de certains de nos écoquartiers !)
Et celle-ci, qui pourrait annoncer l'arrivée des experts environnementaux qui exaspèrent tant certains de nos architectes :
"Pour accomplir la tâche multiple qui lui est imposée, l'architecte devra s'adjoindre, à tous les échelons de l'entreprise, de nombreux spécialistes."
Si Le Corbusier est un architecte écologiste, il a clairement choisi entre une tendance "high tech" à la Richard Rogers et une tendance plus sobre à la Françoise-Hélène Jourda :
"L'ère machiniste a introduit de nouvelles techniques qui sont une des causes du désordre et du bouleversement des villes. C'est pourtant à elles qu'il faut demander la solution du problème."
Certains architectes, comme Roland Castro, s'appuient sur ces belles phrases pour expliquer que le développement durable en urbanisme, c'est le retour larvé du modernisme. Avec le "déterminisme environnemental" qu'il implique, la morphologie bâtie serait mathématiquement déduite de paramètres environnementaux comme l'ensoleillement et le vent, ce qui ne laisserait plus aucune place à la poésie, à la surprise, voire au bizarre, bref au beau.
Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Certes, on connait les excès et les horreurs auxquels ont conduit le modernisme professé par Le Corbusier et (mal ?) interprété par certains. Mais des considérations "bioclimatiques" peuvent légitimement trouver leur place dans une réflexion sur la forme urbaine, bien sûr aux côtés de nombreuses autres considérations, certaines moins objectives. A commencer par la poésie.