5 avril 2016

Entretien avec Franck Faucheux : VIVD, un nouvel acteur au service de la ville durable

A l'occasion du lancement officiel de Vivapolis - L'Institut de la Ville Durable (VIVD), une autre ville a interviewé Franck Faucheux, qui fait partie de la mission de préfiguration de cette association incubée par l'ANRU, afin d'en savoir un peu plus sur ce nouvel organisme.



Pouvez-vous nous dire quelles ont été les raisons / motivations qui ont entraîné la décision de créer VIVD ?

C'est dans un rapport de Roland Peylet remis au gouvernement en octobre 2014 que l'idée d'une structure renforçant l'approche partenariale sur le thème de la ville durable est née. Lors des premières discussions, il est apparu très rapidement qu'il était nécessaire que la structure soit une sorte de « copropriété », que chaque sphère concernée par la ville durable ait le même poids dans les discussions. Nous avons abouti à l’idée d’un travail en réseau avec une association porteuse des actions communes.

D'autre part, ayant travaillé à la mise en place de la démarche EcoQuartier, j’ai fait le constat persistant de la nécessité et de la complexité de l’évaluation des projets sélectionnés. C'est donc un point sur lequel il nous a semblé indispensable de passer la vitesse supérieure, afin que chacun apprenne des succès et des erreurs des autres.

Enfin, la France avait déjà, en 2013, développé un outil de mise en valeur de la ville durable française à l’export par le biais de la marque Vivapolis, ayant pour vocation de promouvoir à l'international les mérites de l'innovation française dans ce domaine. La demande des acteurs de terrain a donc naturellement été de rapprocher le projet d’Institut de la Ville Durable avec Vivapolis pour former l’association Vivapolis – L'Institut de la Ville Durable (VIVD).

Quelles sont les prérogatives de VIVD ?

Dans la lettre de mission du premier Ministre, il nous était clairement demandé de participer au lancement de sites pilotes de la ville durable en France. Lors de la préfiguration, un groupe de travail a réfléchi au lancement d’une démarche qui renverse la méthode française habituelle, en formant des équipes motivées pour réfléchir ensemble sur les conditions de réussites d’un projet innovant : gouvernance à mettre en place, partage des objectifs locaux à atteindre en essayant de booster l’ambition, anticipation des questions de gestion, vision globale des enjeux sous les aspects territoriaux, sociétaux, financiers… Le modèle allemand des IBA a souvent été mis en avant : une méthode de projet alliant réflexion partagée, marketing territorial et pilotage de projets urbains très ambitieux. Au final, les Ministères du Logement et de l’Ecologie se sont saisis de ce travail pour lancer plus classiquement un appel à projet, les Démonstrateurs Industriels pour la Ville Durable (DIVD), avec la mise en place d’un nouveau dispositif de soutien à l'innovation en matière de ville durable.

C'est au ministère (AD5), au CGDD et au PUCA que reviennent l'évaluation et le suivi opérationnel des démonstrateurs et de faire le lien avec le CGI qui pourra soutenir financièrement les projets. VIVD s'occupera de la capitalisation des acquis de ces opérations et de leur valorisation, dans une vision inter-programmes française (notamment avec les PIA) voire internationale. En effet, le constat général est que les opérations françaises manquent globalement de visibilité à l'étranger. Dès lors, au-delà de nourrir les actions de la marque Vivapolis à l’export par ces retours d’expérience, le rôle potentiel du VIVD pourrait être d'organiser l'accueil des délégations, de mettre en place et de coordonner par exemple un « vivier de guides » pour les visites d'opérations par exemple, parmi les services de l’Etat, de l’ADEME, des CAUEs, voire des professionnels eux-mêmes qui pourront transmettre leurs retours d’expérience.

D'autres actions seront naturellement à discuter avec les membres. D'un ensemble d'idées, il nous faut maintenant passer à une feuille de route claire et partagée, ce qui nous oblige à sélectionner les actions les plus pertinentes et de les prioriser. Ce sera le rôle du Conseil d’administration qui sera désigné en assemblée générale le 22 mars. VIVD travaillera de manière collaborative, autour par exemple de « meet-up » qui réunissent l’ensemble des membres, comme nous l’avons déjà fait le 4 mars dernier pour préparer l’AG avec les membres déjà adhérents.

Parmi les pistes que nous explorons : un inventaire des opérations modèles incontournables en France et à l'étranger, une « boite à outils » décortiquant par exemple les multiples (et complexes) possibilités françaises et européennes de cofinancement, un répertoire des acteurs publics, parapublics et privés, etc.

VIVD se veut aussi un élément moteur dans la recherche et l'offre de formation. Nous envisageons de tenir, en mobilisant les acteurs sachant comme l’APERAU, le CNJU, l’OPQU, une sorte de livre blanc des formations existantes dans les domaines de la ville durable, voire de créer une formation spécifique. D'autre part, nous souhaitons œuvrer à ce que la recherche soit mise au service à la performance des opérations innovantes, mais aussi à leur suivi et à leur évaluation. Le réseau REHA qui fait l’inventaire des thèses et post-doc sur la ville mérite d’être plus largement diffusé par exemple. 

Nous nous inspirons d’initiatives proches ayant la même volonté de soutien et de promotion des savoir-faire dans le domaine de la ville durable dans d’autres pays européens, comme Symbiocity en Suède, le programme Future Cities de Catapult en Grande-Bretagne ou encore Platform 31 aux Pays-Bas.

Comment est structurée l'association et quels bénéfices une entreprise peut-elle tirer de son adhésion ?

L'adhésion à l’association est aujourd’hui à hauteur de 2 000€ mais déjà certaines structures intéressées demandent une cotisation plus faible, pour ne pas dissuader les petites entreprises de s'engager. Cette cotisation permet d'acquérir le statut de membre de l'association. Toutefois, pour pouvoir candidater au Conseil d’Administration – et donc être moteur dans les décisions relatives à la politique et à la feuille de route de l'association – il faut acquérir le statut de membre actif. Ce statut reconnait les membres qui offrent une contribution aux actions de l’association, qui peut prend la forme d’une mise à disposition de temps de travail de collaborateurs, de données, d’outils (logiciels ou autres), de résultats de recherche, de locaux et d’argent...

Les bénéfices d’une adhésion sont divers : accès aux données et outils mis à disposition des membres, possibilité d’intégrer des groupes de travail ou d’en proposer… Il s’agit évidemment aussi d’accéder de manière privilégiée à un réseau d'acteurs variés et impliqués dans le domaine de la ville durable.