19 février 2013

EcoQuartier / 1ère partie : la préhistoire

Le 14 décembre dernier, la Ministre de l'Égalité des Territoires et du Logement lançait le "label national EcoQuartier", "véritable instrument de la transition écologique vers la ville durable".

Sous ce florilège de slogans, il est tentant de crier au greenwashing. Néanmoins, il convient d'examiner plus précisément quel objet ce magnifique cri du cœur désigne.

Répondant à l'échéance fixée pour 2012 dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, le Ministère de l'Ecologie, du Développement Durable et de l'Energie (MEDDE) cherche depuis 2008 à établir un référentiel permettant de guider et d'accompagner les collectivités locales dans leurs démarches pour réaliser des opérations d'aménagement durables. Un simple coup d'œil à la liste des opérations retenues dans les appels à projets de 2009 et 2011 permet de donner un aperçu de la diversité des incarnations possibles des concepts de quartier ou de ville durable aux yeux du MEDDE : grandes agglomérations, villes moyennes, communes rurales, projets pour quelques dizaines ou plusieurs milliers d'habitants, etc.


Le nouveau label EcoQuartier est donc le troisième rejeton d'une lignée apparue dans le cadre du plan Ville Durable de 2008. Ses deux aînés, les appels à projets de 2009 et 2011, ont drainé successivement 160 et 394 candidatures aux profils variés, pour respectivement 28 et 24 projets primés. Les catégories composant le palmarès couvrant un champ étendu de thématiques (performances écologiques, nature en ville, renouvellement urbain, etc.), elles permettaient aux collectivités candidates de mettre l'accent sur des thèmes correspondants à leurs priorités et restaient donc ouvertes à différents contextes. Néanmoins, cette souplesse constitue également une des limites de l'exercice. Un projet d'extension urbaine, respectueux de l'environnement, à la qualité paysagère indéniable, est-il pour autant un quartier durable ?

Chantier de la ZAC de Bonne
(c) Office du tourisme de Grenoble
Le lauréat du premier appel à projets fut l'opération de la ZAC de Bonne à Grenoble. Ville longtemps à l'avant-garde de l'expérimentation urbaine et rompue aux démarches innovantes, sa désignation est symptomatique de l'importance du retour d'expérience dans la démarche de création d'un référentiel EcoQuartier pertinent. Dans cette optique, un club national EcoQuartier a été constitué, regroupant l'ensemble des collectivités candidates et leurs aménageurs. Devant faciliter la mise en réseau et la diffusion des bonnes pratiques, cette structure doit donc participer à l'évolutivité de la démarche.

Les retours des participants au club national EcoQuartier ont ainsi permis de poser les pré-requis du futur label. Les collectivités ont notamment mis l'accent sur le besoin d'une labellisation flexible afin de favoriser la contextualisation des objectifs et des démarches mis en œuvre dans les projets. Elles ont également insisté sur l'importance de la mise en réseau, certes pour bénéficier de retours d'expérience, comme cela a déjà été évoqué, mais aussi pour bénéficier d'un suivi et d'un accompagnement de leurs projets. Enfin, les doléances exprimées portaient également sur l'importance du rôle du label dans la mise en cohérence des différents politiques préexistantes (dans le champ du développement durable, comme les agendas 21, mais également dans d'autres domaines : politique foncière, habitat, transport et mobilité, etc.).

Nous verrons dans la seconde partie de ce billet comment ces différentes attentes ont été prises (ou non) en compte dans la démarche de label mise en place en ce début d'année 2013.